samedi 19 février 2011

Ce débat n'est pas très terroir

Un petit billet rapide sur la désormais célèbre phrase à propos du Président du FMI.

Je suis sidérée par le nombre de personnalités qui voient dans ces propos l'ombre de l'antisémitisme. Je me figure régulièrement que je me fais des idées, que la situation n'est pas aussi dramatique que certains veulent nous le faire croire, et que la liberté d'expression a encore de beaux jours devant elle.

J'ai lu, lu, et relu la petite phrase à l'origine de toute cette "polémique" (mot très à la mode dans ce genre de circonstances) et je ne vois toujours pas comment on peut lui reprocher d'être antisémite.

Le plus perturbant, c'est que les commentateurs que j'ai entendu sur le sujet semblent tous d'accord. Il est, apparemment, "évident" que les propos tenus à propos du peut-être futur candidat à la présidentielle sont antisémites. J'ai de plus en plus de mal à suivre.

Ce pays est parfois étrange.

Discriminons, puisqu'eux ne peuvent plus le faire

« Ce qu’il y a eu, c’est un rappel à la loi. Il ne pourra plus continuer à tenir des propos visant à cibler certaines populations »

Ces propos ont été tenus par l'avocat de S.O.S. Racisme à la suite de la condamnation de Mr Zemmour. Je passe rapidement sur le ridicule profond de cette petite phrase : si les médias ne peuvent plus continuer à tenir des propos ciblant certaines catégories de population, ils ne vont plus parler de grand chose.

Je ne suis pas une personne qui accorde beaucoup de crédit à l'émotion. L'émotion ne sert pas à résoudre les problèmes ; elle les complique.

Or, il me semble que dès qu'il y a une accusation de racisme quelque part, c'est l'émotion qui prend le dessus. On nous rappelle les horreurs du passé, les risques de dérapage, et j'en passe. Il n'y a pas moyen d'avoir une conversation dépassionnée à ce sujet.

D'ailleurs, le fait même de comparer les races entre elles est tabou.

Oui, je parle bien de races. Les textes protégeant nos libertés fondamentales, et interdisant le racisme, parlent bien de discriminations basées sur "la race". La loi elle-même y fait référence ; on a le droit de parler de races lorsqu'on parle du genre humain.

Impossible de dire que le quotient intellectuel d'un Malien est, en moyenne, très nettement inférieur à celui d'un français. Pourtant, c'est une vérité qu'il ne faut pas aller chercher très loin : il existe un peu partout des classements des pays selon le quotient intellectuel moyen de leurs habitants.

En revanche, il est parfaitement acceptable d'affirmer que les Africains sont en général plus doués à la course que les français, par exemple. Cette incohérence m'intrigue.

Pourquoi ne pourrait-on pas parler librement de races ? Pourquoi, en prononçant ce mot, s'attire-t-on aussitôt les foudres des commentateurs ?

Même sans affirmer quoi que ce soit, impossible d'aborder le sujet. J'adore parler de politique et de droit avec ma famille ou mes amis, au point de les ennuyer de temps à autre. Pas une fois je n'ai réussi à avoir une conversation constructive à propos des races : il y a une véritable intolérance vis-à-vis de cette question.

On m'a dit qu'il fallait empêcher que les événements des heures les plus sombres de notre histoire (un grand classique) ne se reproduisent à cause des propos nauséabonds (un autre grand classique) d'une partie de la population française. Cette explication semble valable, mais elle n'explique pas l'ampleur de l'acharnement. Ni les pouvoirs mis à disposition de ceux qui veulent absolument que toutes nos paroles sentent bon la rose.

Même sans analyser l'histoire, il parait évident que, si la bête nauséabonde ressurgit, elle ne le fera pas sous la même forme qu'il y a quelques décennies. On attend tellement le racisme au tournant que je ne vois pas vraiment quelles victimes il pourrait faire. En revanche, les forcenés de la diversité, c'est autre chose.


Pour en revenir à Mr Zemmour, je suis consternée par cette condamnation. Je ne vais pas vous faire l'affront d'expliquer pourquoi ce genre de jugements peut être dangereux pour la liberté d'expression.

Ceci étant dit, il me semble que le procureur de la république a insisté sur le fait que Mr Zemmour soit un homme public, assez influent. Je cite : "un trublion". Cela a sans doute joué dans la condamnation : on envisage assez mal un tel jugement pour un particulier, ou un autre homme de télévision à la réputation différente. Du moins je l'espère.

Voilà, résultat : on se retrouve à espérer que cette condamnation soit un cas particulier, et qu'il ne faille pas en tirer de conclusion trop générales sur le sort qui est fait à la liberté d'expression dans nos tribunaux.

Mr Zemmour a été condamné pour avoir présenté comme licite une pratique illicite (la discrimination à l'embauche). D'une part, je ne vois absolument pas en quoi ses propos étaient racistes, discriminatoires, ni en quoi ils incitaient à la haine raciale. D'autre part, je ne comprends pas ce qu'il y a de condamnable (du point de vue de la loi) dans le fait de chercher à justifier une pratique illégale : il ne s'agit que d'une opinion.

Là encore, je ne cherche pas à refaire le procès, mais plutôt à me placer du point de vue de la morale, qui bien entendu diffère de temps à autre de la position adoptée par notre droit.

Le fait que la plupart des trafiquants de drogue soient noirs et arabes ? C'est un fait. Au delà de toute réflexion sur le racisme qu'il pourrait y avoir dans ces propos, si les tribunaux commencent à condamner les journalistes pour avoir rappelé des faits, c'est que ça va mal.

La discrimination à l'embauche ? Ce n'est pas formidable pour un journaliste de présenter comme normale une pratique illégale, certes. En quoi est-ce une incitation à la haine raciale ?

D'ailleurs, il est absurde que les grands défenseurs de la liberté et de l'égalité se réjouissent de ce jugement : il ne fait du bien ni à l'une ni à l'autre.

jeudi 10 février 2011

Terminologie

"La peine de mort, chez nous ? Voyons, nous sommes en démocratie !"


Commentaire entendu sur une célèbre chaîne de télévision. Suivant cette logique, les Etats-unis ne sont pas vraiment démocratiques ; c'est incroyable tout ce qu'on met sur le dos de la démocratie.

La démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple. Cela suppose une identification des gouvernants et des gouvernés. La démocratie est un régime dans lequel les citoyens possèdent à l'égard du pouvoir un droit de participation, le vote, et un droit de contestation, la liberté d'opposition.

La démocratie n'est rien d'autre que cela. Partout où il y a des gouvernés qui choisissent leurs gouvernants par vote, et qui possèdent un droit d'opposition, il y a démocratie. C'est un peu triste d'entendre des politiciens agiter le concept de démocratie comme s'il s'agissait d'un mot magique capable de faire plaisir au peuple.

Comme si de la démocratie découlaient forcément des mesures justes. Comme si la démocratie protégeait des horreurs. C'est loin d'être le cas : la démocratie peut paralyser un pays, sans parler des morts qu'elle a sur la conscience.

Je n'ai vraiment rien contre la démocratie. En revanche, que ce terme soit utilisé autrement que pour décrire un mécanisme de droit constitutionnel m'agace.

samedi 5 février 2011

Syndicaliste en devenir

Billet un petit peu personnel.

L'autre jour, j'ai retrouvé sur les bancs de l'université une vieille connaissance. Au lycée, il s'agissait d'un garçon calme, un peu timide, et raisonnable. J'ai donc été plutôt surprise de le voir, entre deux cours, descendre vers l'estrade de l'amphithéâtre et emprunter son micro au professeur. Il a annoncé être engagé politiquement et faire partie d'un syndicat d'étudiants dont je tairais le nom, mais qui a déjà fait preuve de médiocrité dans notre université à plusieurs reprises.

Il venait nous alerter d'une tragédie qui, alors que nous absorbions tranquillement des pages et des pages de connaissances, se préparait à frapper les étudiants de première année. Dans l'ombre des bureaux de l'université se préparait un plan machiavélique pour réduire encore davantage le taux de réussite dans l'année maudite, que redoutent tous les étudiants, la première année de licence de droit.

Le plan démoniaque était le suivant : supprimer purement et simplement les cessions de rattrapage en première année. Oui ! Ils avaient osé. Cette idée horrible ne pouvait être que l'oeuvre de professeurs haineux, jaloux de notre jeunesse, et trop paresseux pour passer quelques semaines supplémentaires à corriger nos copies.

Le sort de l'université se trouvait entre nos mains. Il nous fallait, tous, le plus tôt possible, nous connecter sur le site web de l'université afin de participer à un sondage, afin de répondre tous non, ensemble, solidairement, à ce projet démoniaque de nos professeurs.

J'exagère à peine.

En me connectant, quelques temps plus tard, j'ai découvert le sondage en question dans ma boîte mail. On nous proposait en effet de voter pour ou contre une proposition, visant, je cite, à "diminuer le taux d'échec en première année".

Le but de la proposition était de faire passer, dans toutes les matières (et non plus seulement dans deux matières) des contrôles continus veillant à contrôler régulièrement l'état des connaissances et à distribuer des points faciles à gagner pour les élèves apprenant leurs cours. L'examen terminal serait reculé de plusieurs semaines, allégeant l'emploi du temps, et offrant aux étudiants une plus longue période de révisions.

En contre-partie, la session de rattrapage serait supprimée, puisqu'elle ne permettait qu'à très peu d'étudiants de remonter suffisamment leurs notes (en effet, ce n'est pas en une semaine qu'on apprend l'intégralité du droit de la famille, par exemple).


J'ai la désagréable sensation de m'être fait avoir. Je ne sais pas si ce garçon, qui était un très bon camarade de lycée, est devenu de lui-même un militant, ou si le syndicat dont il est membre l'a poussé sur la mauvaise pente.

Le pire, c'est qu'il s'agit d'un garçon intelligent, ou en tout cas très vif d'esprit. Il est bon orateur, plutôt doué en cours, et je m'attendais franchement à autre chose de sa part qu'à un discours aveugle (ou manipulateur ?) et partial.

La conclusion à en tirer est probablement qu'entrer en politique revient souvent à s'acheter des oeillères. Moyennant quoi, les hommes dont nous avons peut-être le plus besoin sont ceux qui ne s'engageront jamais sur la scène publique.

jeudi 3 février 2011

Bulletin de vote

Sincèrement, certains jours, j'hésite. Je dois dire que ce petit bulletin m'amuse. (Il vient de chez h16.)



Je n'aime pas les insultes, surtout lorsqu'il s'agit de politique. Je suis du même avis que ces juristes qui pensent que le discours politique doit être dépassionné pour être réellement utile au citoyen.

Ceci dit, le discours politique, à quelques exceptions près, est déjà totalement passionné : plus personne n'écoute vraiment ceux qui utilisent la raison pour convaincre le public.

Si je vote, ce sera pour Mme Le Pen, puisqu'elle est la seule à utiliser un discours un tant soit peu dépassionné et à avoir des idées qui ressemblent vaguement aux miennes. Elle a aussi beaucoup d'opinions qui ne sont absolument pas les miennes.

Je pense aussi que la seule manière de vraiment atteindre nos politicien est d'utiliser des moyens un minimum percutants. Je ne suis pas sûre que ce bulletin de vote en fasse partie, sauf peut-être utilisé à très grande ampleur.